Ce test est le troisième réalisé par ioen. Fan de jeux vidéo et possesseur d'une PS3, il a succombé à l'atmosphère de Heavy Rain et à son ambiance malsaine. C'est donc sans hésitation que je lui ouvre les lignes de Kysban's World pour le test du jeu de Sony Computer.
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Faire un test de Heavy Rain est un exercice difficile, car il s’agit presque autant de tester un jeu que de critiquer un film. Je pense que le plus judicieux est donc d’évoquer le système de jeu et le gameplay en quelques mots, pour les oublier aussitôt.
Trouver un genre à Heavy Rain n’est pas évident, car il est à ma connaissance unique en son genre. Après en avoir parlé ici et là, je le qualifierais d’adaptation en jeu-vidéo d’un livre dont vous êtes le héros. En effet, il s’agit d’un film interactif, où le scénario est déjà écrit en intégralité, mais où ce dernier comprend différents embranchements en fonction des choix que vous ferez au cours de votre partie, chaque embranchement menant à une des 18 fins prévues.
Tour à tour, le joueur incarne quatre personnages de l’histoire. L’écran de jeu se présente plus ou moins comme un point and click. Le personnage qu’on peut déplacer librement à l’écran, et des objets ou actions possibles via une manipulation de la manette. D’autres phases sont en QTE (Quick Time Event) et obligent le joueur à suivre une combinaison de touches et/ou de mouvements de la manette. A la différence de la plupart des jeux s’appuyant sur des QTE, ici il n’est pas nécessaire de les réussir parfaitement. Le degré de réussite influe sur la suite de l’histoire, mais il n’y a de toute façon pas de Game Over. Jamais.
Heavy Rain nous plonge dans un thriller très inspiré du Se7en de David Fincher dans le ton. Un tueur en série, surnommé le tueur aux Origami, enlève et tue de jeunes garçons en les noyant dans de l’eau de pluie.
Ethan Mars est le personnage principal de l’histoire. Père du petit Shaun, qui a été enlevé, il va faire son possible pour sauver son fils.
Ethan Mars, le père de famille
Madison Paige est une journaliste cherchant le scoop, et fait son enquête sur le tueur.
Madison Paige, la journaliste
Scott Shelby est un détective privé qui enquête auprès des familles des précédentes victimes du tueur.
Scott Shelby, le privé
Enfin, Norman Jayden est un profiler du FBI, rejoignant la police locale, et possédant des méthodes d’enquête particulière, à l’aide de lunettes virtuelles qui font rêver. :D
Norman Jayden, le profiler
Chacun aura deux objectifs : sauver le petit Shaun Mars, et découvrir l’identité du tueur.
Le joueur, incarnant ces quatre personnages, sera amené à faire des choix parfois moraux, parfois de logique, et verra parfois ses réflexes testés. Si au début du jeu tout ceci n’a que peu de conséquence, plus on avance dans l’histoire et plus les choix modifieront fondamentalement le cours de l’histoire. Il est important de noter que chacun des personnages peut mourir, et même tous les quatre. L’histoire suivra son cours de toute façon. Ce n’est pas un jeu dans lequel perdre une vie oblige à recommencer le niveau. En revanche, il en offre la possibilité. Il est possible de rejouer un chapitre dans le menu principal, et au choix de refaire juste la scène sans sauvegarde, ou bien de reprendre l’histoire à partir de ce point. Quoiqu’il arrive, tous les chapitres déjà joués resteront disponibles.
Il faut savoir que si Heavy Rain était « juste » un film, il serait plutôt moyen. Les personnages sont plutôt clichés bien qu’attachants, et l’histoire ainsi que l’enquête emprunte beaucoup à ce qui existe déjà. Malgré tout, et bien que misant tout sur son scénario, c’est une totale réussite. Une totale réussite car en mettant le joueur au cœur de l’histoire et en montrant les conséquences directes de ses choix, de l’action la plus anodine (ouvrir un frigo et boire un jus d’orange) à un acte remettant sa moralité en question (vous croyez que je vais vous le dire ?), l’implication émotionnelle en est décuplée. J’ai personnellement passé beaucoup de temps à hésiter sur plusieurs actions, j’ai souffert avec les personnages. Je connais même des gens qui préféraient aller se fumer une clope le temps de la réflexion et revenir sur le jeu les idées plus claires. C’est bien simple, je n’ai jamais été autant impliqué émotionnellement dans un jeu. Et pourtant, je le répète, le scénario est plutôt bateau. C’est bel et bien son aspect interactif qui fait tout le travail. Cela dit, je ne critique pas le travail d’écriture de David Cage (scénariste et « réalisateur »), qui a écrit environ 2000 pages de scénario, et qui a créé des personnages peut-être cliché, mais très charismatiques et riches.
Un petit mot sur les points négatifs : d’un point de vue strictement technique, beaucoup de joueurs ont eu droit à des plantages du jeu. Des freeze, des décalages ou coupures de son. Pour ma part rien du tout, mais le phénomène semble toucher pas mal de gens, j’aime autant le signaler. Autre chose, concernant le gameplay. Les actions sont représentées par une manipulation à l’écran. Un bouton à appuyer ou un mouvement de stick. De même, les choix de dialogue sont pour la plupart représentés par un seul mot. Difficile donc de toujours être certain de ce qu’on va faire. Si la plupart du temps c’est suffisamment clair, il arrive par moments qu’on soit un peu confus et qu’on finisse par effectuer une action qu’on n’avait pas du tout en tête.
Néanmoins ces petits défauts ne gâchent pas le plaisir de jeu. J’insiste vraiment sur le fait que JAMAIS je n’ai été autant impliqué émotionnellement dans un jeu vidéo. Jamais je n’ai eu aussi peur pour quelqu’un, peur de la mort. Le jeu se termine du coup assez vite, proposant une dizaine d’heures de jeu, mais qu’on fait presque d’affilée tant on ne veut pas le lâcher.
Il mérite totalement son prix, vous pouvez foncer.
