Cela commence à faire grand bruit et de toute évidence, Apple n'est pas à l'aise dans ses chaussures : la censure pratiquée sur l'AppStore éclate au grand jour depuis quelques semaines. Mais la firme de Cupertino invoque plusieurs raisons pour justifier ces exclusions, dénoncées par certains développeurs comme étant apparemment arbitraires ou opportunistes (d'autant qu'aucune règle n'a été présentée concrètement) : application visant à interagir avec iTunes ou le GPS, application immorale ou d'un intérêt discutable, non respect des copyrights ou tout simplement, application en concurrence directe avec une fonctionnalité native de l'iPhone.

Les refus se multiplient et désormais, les coups de colère des développeurs défraient systématiquement la chronique. Sauf qu'acculé à trouver une solution face à cette mauvais publicité, Apple n'a rien trouvé de mieux que de rendre les lettres de rejet couvertes par des accords de non divulgation. Dès lors, non seulement les développeurs ne peuvent que difficilement s'assurer de l'acceptation de leur application au préalable, mais en plus, ils ont désormais l'obligation contractuelle de ne pas s'en plaindre.

Naturellement, certains se détournent déjà de la Pomme pour flirter avec Androïd, l'OS mobile de Google. Il faut dire : alors que l'Appstore est une vitrine de magasin, Android Market, quant à lui, est un véritable marché ouvert à tous. Et pendant ce temps, nous attendons toujours une fonction "copier/coller" et quelques 1800 autres fonctionnalités sur l'iPhone.

Si vous souhaitez consulter la liste d'une vingtaine d'applications expulsées de l'AppStore et connaître les raisons de chacune de ces évictions, il ne vous reste plus qu'à...

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Tris, TetoTeto!!, Shaker, BreakClassic, BreakTouch 3D, Super Pong 2 et 3D Vector Pong, sept clones de jeux cultes mis sur la sellette  :

Raison de cet acharnement ? Tris, TetoTeto!! et Shaker sont des clones de Tetris et c'est Electronics Arts (et en particulier la "Tetris Company") qui possède les droits du jeu original. BreakClassic, BreakTouch 3D, Super Pong 2 et 3D Vector Pong sont quant à eux des casses briques dont les droits sur ce type de jeu sont détenus par Atari. Les menaces de procés ont poussé Apple à exclure ces jeux de la vitrine AppStore, les développeurs n'ayant, comme on peut s'en douter, absolument pas les moyens de se payer une licence EA ou Atari.

NetShare et Sipgate, ou lorsque votre iPhone se transforme en modem 3G et en téléphone VoIP :

Grâce à Netshare, application développé par Nullriver, il devenait possible d'utiliser son iPhone comme d'un modem 3G avec son ordinateur portable, tout en restant dans le cadre de son forfait. Après plusieurs va-et-vient sur l'AppStore, l'application n'est définitivement plus disponible. Il est probable que les opérateurs téléphoniques mobiles, interdisant contractuellement à leur utilisateur de pouvoir utiliser la connection data comme d'un modem, n'aient pas apprécié cette application. Les opérateurs mobiles n'ont pas apprécié la mise à disposition de Sipgate, application permettant à ses utilisateurs de téléphoner en VoIP via le WiFi (gratuitement donc). C'est T-Mobile qui a obtenu gain de cause au tribunal.

PullMyFinger, iFartz, Mr Poot, Slasher et I Am Rich, cinq applications jugées immorales ou à l'intérêt discutable :

PullMyFinger affichait un doigt et en tirant dessus, on entendait une flatulence... Certes, l'utilité de cette application n'est pas évidente. Mais de là à interdire celle-ci et à autoriser Moo ou la Boîte à Meuh... iFartz et Mr Poot restent dans le même esprit que PullMyFinger. Slasher est une application qui permettait de donner des coups de couteau virtuels, jugée pas très morale. Dans le genre "foutage de gueule", I Am Rich se posait bien là : une application à 999 dollars (800 euros) qui se contente d'afficher un rubis à l'écran. Et c'est tout. Notez bien, pour la petite histoire, que 8 personnes ont eu le temps (... et la "bonne" idée) d'acheter l'application...

Freedom Time, l'application que tout démocrate se doit de posséder :

L'application propose un compte à rebours sous la forme d'un cadran analogique ou digital, indiquant le temps restant jusqu'à la fin de l'investiture présidentielle de George W. Bush. L'application enfonce le clou en précisant "... till the end of an error!" ("d'ici à la fin d'une erreur"). La version analogique est illutrée par une caricature de Bush dont les bras représentent les aiguilles de la montre. Le développeur a contacté Steve Jobs et voici ce qu'il lui a répondu : "Même si mes convictions politiques sont démocratiques, je pense que cette application pourrait offenser une bonne moitié de nos clients".

MailWrangler, Opera Mini et Podcaster, trois applications qui ont la mauvaise idée de dupliquer les fonctions natives de l'iPhone :

MailWrangler permettait de gérer plusieurs comptes Gmail,  Opera Mini était en concurrence directe avec Safari pour mobile et Podcaster permettait de gérer ses podcasts (certes comme iTunes mais en plus élaboré). Le développeur de Podcaster donne d'ailleurs son point de vue sur la question, expliquant qu'il trouve la décision d'Apple étrange dans la mesure que les applications dupliquant les fonctionnalités internes de l'iPhone sont déjà nombreuses (des calculatrices comme TouchCalc, des applications donnant la météo comme MétéoEclair, permettant d'écouter de la musique comme Deezer...).

Castcatcher Internet Radio, une mise à jour refusée :

A l'instar d'applications disponibles sur l'AppStore comme LastFM ou Deezer, Castcatcher permet comme son nom l'indique d'écouter des radios internet. L'application est belle et bien disponible sur l'Appstore. En revanche, la dernière mise à jour de CastCatcher a été refusée. Raison invoquée : le volume excessif de données à transférer via le réseau cellulaire.

PhoneSaber et Boxoffice, deux applications qui tombent sous le coup du copyright de l'industrie cinématographique :

PhoneSaber est une application qui simule un sabre laser de Star Wars. Pour l'avoir expérimenté sur un Nokia N95 sous Symbian, je trouve PhoneSaber amusant et les effets sonores assez fidèles aux originaux. Malheureusement, l'application ne respecte pas le copyright de George Lucas et les possesseurs d'iPhone ne pourront pas en profiter. BoxOffice qui permet de consulter les horaires des salles de cinéma aux USA a été retiré de l'AppStore suite à un problème de copyright sur le nom de l'Application. Il est probable que l'application reviendra sous un autre nom.


Devant ce méli-mélo inextricable, ne nous étonnons donc pas si une frange non négligeable des utilisateurs d'iPhone ont recours sans état d'âme au jailbreak de leur téléphone, leur permettant d'accéder à une bibliothèque d'applications au moins aussi soignées, et plus fournies que sur l'AppStore. La fuite des développeurs préférant Androïd, Symbian ou Windows Mobile est aussi une préoccupation que devrait prendre en compte la firme à la pomme... Sans oublier qu'Apple demande 99 dollars et 30% de commission pour avoir l'honneur de figurer sur l'AppStore ! J'en profite pour rappeler que nous ne savons toujours rien des négociations en cours visant à permettre la commercialisation de l'application de navigation conçue par TomTom pour le GPS de l'iPhone. Il en est de même concernant une suite d'applications permettant d'éditer des documents de MS Office (bien qu'une solution semble se profiler à l'horizon), ou encore, l'implémentation du Flash 10 d'Adobe. Parallèlement, on vient d'apprendre que Google compte proposer un dispositif pour l'iPhone permettant la reconnaissance vocale. Apple, semble-t-il, retarderait l'échéance...

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